Buzz Banksy, contre ou pour !?

Le buzz Banksy vu par Arts Affaires, agence d'art contemporainTL : Détruire une œuvre c’est choquant. Mais c’est la réalité quotidienne du street art, c’est même sa raison d’être. C’est une performance éphémère avant tout, c’est un des registres de l’art, comme le land art.

MJ : Détruire une œuvre d’art, c’est sacrilège, regarde ce qui se passe dans le monde. Que serait l’histoire de l’homme sans les œuvres qui restent, résultat d’une époque. Ceci-dit, il reste encore pas mal de Banksy sur la place !

TL : D’ailleurs la destruction n’est pas tout à fait destruction dans ce cas. Elle est plus transformation. L’œuvre était une peinture, elle est devenue objet, le cadre et la broyeuse faisant maintenant partie intégrante de l’œuvre. L’œuvre a changé, et d’elle-même. C’est ça qui est exceptionnel en plus. 

MJ : La destruction peut faire partie du processus créatif, c’est certain. Tinguely, lui-même, imaginait bien cela pour ses mobiles. Le temps comme thématique supplémentaire de l’œuvre ! Le problème ici, c’est que ce n’est pas le temps, mais le fruit d’un acte volontariste de destruction. Une démarche à part entière de l’artiste, rien d’autre. On s’imagine un instant, la joie d’un acquéreur qui aurait mis toutes ses économies dans une œuvre, la conséquence serait difficile à accepter, non ?

TL : Le marché de l’art a besoin d’être réenchanté. Avec les cotes et les records des ventes aux enchères, on oublie trop souvent le geste créatif à l’origine de l’œuvre d’art. Banksy le remet au centre du jeu d’un coup de poing magistral.

MJ : Franchement, se moquer autant du marché dans lequel on vit très bien, cela manque d’honnêteté intellectuelle. La liberté, oui, avec ses conséquences possibles, mais la provocation pour piéger un acheteur, et se mettre autant dans la lumière… non ! J’ai, de plus, un gros doute d’un stratagème collégial médiatico-commercial !

TL : L’art et le buzz font-ils bon ménage ? Est-ce de la provoc pure ? Les médias, les buzz ont pris une place énorme dans notre société. Il est tout à fait normal que les artistes s’approprient cette nouvelle matière. Banksy est un champion du buzz, comme Jeff Koons ou Damian Hirst avant lui. On aime on n’aime pas, dans tous les cas ça questionne notre société et c’est bien là le rôle de l’art.

MJ : La presse, les collectionneurs, les galeries, des agences comme nous, formons un ensemble absolument nécessaire pour promouvoir et faire la pédagogie de la création contemporaine. La provocation que l’on voit parfois (voir récemment à Florence, la pseudo démarche artistique qui a consisté à frapper l’artiste performeuse Marina Abramovic en projetant un tableau sur sa tête est-elle nécessaire quand on a du talent ! Vaste débat. Banksy provoque certes, mais franchement, ce n’est pas très original. Je préfère ses interventions sur les palissades et les murs.

Matthieu Jacquillat et Thibault Lucas

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© Banksy – Girl and Heart Balloon © DR – Source : lien